jeudi 16 avril 2015

Les naufragés du Paris-Tours : histoire d'une galère presque ordinaire

Les médias sont toujours très réactifs sur les catastrophes, beaucoup moins sur des galères du quotidien. En voici un exemple.

Hier soir, comme à son habitude chaque mercredi quand elle rentre de son travail, mon amie Sophie est partie de Paris Austerlitz pour rentrer sur Vouvray. Parti à 18 h 37, son train 14067 était censé arriver deux heures plus tard. Le corail Intercités a ceci de bien qu'il coûte moins cher que le très onéreux TGV. Mais, il y a très souvent des problèmes techniques. Et donc, comme cela est déjà arrivé lors de précédents voyages, le train s'est immobilisé en pleine campagne.

Hier, cela s'est produit près d'Angerville, en pleine Beauce. Un arrêt qui a duré... plus de 6 h. Avec plusieurs centaines de passagers à bord et un seul contrôleur, le train s'est retrouvé en rade, et à plusieurs moments sans électricité, donc sans climatisation. Et il faisait bien chaud hier.


Vers 21 h, la police ferroviaire est montée à bord pour s'assurer que tout allait bien. Evidemment, à aucun moment, il n'a été question de distribuer de l'eau et encore moins de la nourriture. Je rappelle juste que nous sommes en 2015 et que la France est censée être la 5ème puissance mondiale. Zlatan aurait probablement dit "shit country".

Le site Infolignes de la SNCF annonçait à ce moment là 3 h de retard. Il n'a pas été réactualisé après 20 h 29. C'est à ce genre de détail qu'on mesure la qualité de service.

En raison de la tournure des événements, j'ai essayé de prévenir la NR. Naïvement, je pensais que le principal quotidien régional serait intéressé par cet incident. Bien que prévenue par mail, la rédaction en chef était bien plus concernée par la ligue des champions et le Barça qui a écrasé 3-1 le PSG. A cette heure tardive, les dernières minutes du site de la NR étaient consacrées aux Deux-Sèvres (département où on travaille plus tard qu'en Indre-et-Loire visiblement). Ces gueux de tourangeaux pouvaient bien attendre le lendemain.

Pas plus de succès auprès de BFM TV, que j'ai interpellé via son site Twitter. C'et ce qu'a fait aussi une certaine Christelle (@craycray_45) d'Orléans, se plaignant d'être bloquée depuis 5 h 30 dans ce train. Réponse... pas de réponse. Les passagers d'un train bloqués en rase campagne, c'est évidemment moins vendeur qu'une prise d'otages .


Ce n'est qu'à 1 h du matin que la SNCF a pu déplacer le train, en le poussant avec un autre sur quelques km jusqu'à Toury, où une autre loco - qui n'avait pas eu l'autorisation de remonter la voie à contresens, et qui attendait depuis 4 h - a pu se raccorder au train vers 1 h 35. Ensuite, les naufragés ont repris leur trajet vers la gare des Aubrais à Orléans, où un plateau-repas a été (quand même) proposé à 2 h. Seul point positif de ce cauchemar des temps modernes : une chaîne de solidarité s'est formée pour passer les plateaux.

Petite anecdote au passage : il semblerait qu'un député était bloqué dans le train qui suivait le corail des naufragés et qui n'a pas pu prendre la voie de délestage.

Le voyage s'est achevé à 3 h 30 du matin à Tours. On imagine la fatigue de ces pauvres voyageurs, qui ont mis plus de 8 h* à arriver à destination. Et à l'arrivée, pas de bon de remboursement, pas de taxi (du moins à Saint-Pierre-des-Corps). Bienvenue les miséreux.

Et le pire, c'est que certains devaient reprendre le train le matin pour aller bosser.

Dernière minute : France Bleu Touraine a parlé de cet incident dès ce matin et a interviewé Sophie sur sa galère d'hier soir (témoignage diffusé à 12 h). Voilà une radio qui fait son travail d'information locale et s'intéresse aux gens.
Voir leur page Facebook.
La NR a finalement réagi par une dernière minute à... 11h33. Soit, 2 h après un second mail de ma part avec copie de ce post. Le premier a été envoyé à 22 h 07 hier soir...

*C'est plus de temps que ne mettent les coureurs de l'épreuve cycliste Paris-Tours, un événement qui intéresse déjà beaucoup plus la NR.   

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire