vendredi 20 novembre 2015

Schéma départemental : le conseil municipal de Vouvray donne un avis favorable

A une très large majorité (seulement trois voix contre et trois abstentions), le conseil municipal a donc décidé de donner un avis favorable au projet de schéma départemental "proposé" par le préfet d'Indre-et-Loire. Un vote qui est intervenu au bout d'une heure de débat et d'échanges plus ou moins vifs. L'enjeu hier n'était pas de voter pour ou contre le rapprochement entre la CCV et la CCET, car il est entendu qu'il n'y a pas vraiment le choix en raison de la loi NOTRe, mais de donner un avis, favorable ou défavorable, à la carte préparée par le préfet.

La mairie, qui a reçu la notification de ce projet le 14 octobre, doit se prononcer avant la fin de l'année. Or, comme il n'est pas certain qu'un conseil municipal soit organisé le mois prochain, il a donc été décidé d'organiser le vote hier. C'était le point 1 à l'ordre du jour. Un point qui, comme vous allez pouvoir le constater, a généré de nombreux commentaires.

C'était très instructif, parfois drôle et même surprenant.


Le oui mais d'Hervé Pouperon

Autour de la table, le premier à prendre la parole sur le schéma départemental a été Hervé Pouperon au nom de l'opposition. Il a déclaré qu'il y était a priori favorable, car le regroupement d'intercommunalités "va dans le sens de la réduction du fameux mille-feuilles à la française" et que ce projet "laisse entrevoir une augmentation de la dotation globale de fonctionnement". Néanmoins, il y voit "en filigrane" la fusion entre la CCV et la CCET, que cet avis va "implicitement" légitimer. "On ne peut pas l’occulter", énonce M. Pouperon, qui n'a rien contre la CCET ("un bon choix", mariant "deux terroirs viticoles"), mais qui met en avant des charges par habitant trois fois plus élevées.

Madame le maire a réfuté ce terme de fusion. Pour elle, "on va recréer un nouvel EPCI, avec de nouveaux élus". Elle entend les remarques, mais enjoint l'opposition de "proposer d'autres solutions".

Sur sa lancée, Hervé Pouperon craint qu'on n'engage à travers ce rapprochement "une hausse des impôts".

Du côté de l'équipe municipale, on avance d'autres arguments. "La CCET a des leviers supérieurs pour le financement de sa dette", avance par exemple Alexandre Delalandes. "On ne va pas effacer la dette", lance en retour Véronique Beuzelin depuis les rangs de l'opposition.

On entend à nouveau des commentaires du côté de la majorité municipale. Valérie Déplobin évoque "les frais de justice en cas de recours". "Ce n'est qu'un avis", bougonne Michel Boireau. Brigitte Pineau reprend alors la parole pour rappeler que " les autres ne voulaient pas accueillir le Vouvrillon", et souligner au passage que "pour la CCET la vie va changer aussi".

Nouvel échange entre Hervé Pouperon et Madame le maire. "Je ne suis pas Madame Soleil" commence le conseiller d'opposition ("moi non plus", lui répond-elle du tac au tac"), mais "il n'est pas écrit que le préfet veut éclater le Vouvrillon"."Tour(s)Plus pouvait aussi accueilir une commune", poursuit-il. Brigitte Pineau justifie le fait que les élus communautaires ont décidé de rester unis. "L'éclatement de la CCV va coûter un argent fou, explique-t-elle et certaine communes comme Reugny et Chancay ne pourront pas faire face aux dépenses".

Pour Véronique Beuzelin  "le choix est lourd de conséquences pour l'avenir". La conseillère d'opposition ne souhaite pas que ce soit "une étape vers autre chose", et craint "une usine à gaz".
"C'est une étape", lui répond justement Madame le maire. "On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve", poursuit-elle.

Pour la majorité municipale, Jean Mathiot évoque le rapport du préfet et l'évolution du périmètre du SCOT (schéma de cohérence territoriale).

Le show Daillet

C'est à ce moment que Dominique Daillet entre en scène. Sourires entendus autour de la table. "Décrispez-vous", déclare en préambule le conseiller d'opposition et défenseur de la CCV durable, qui prévient que son intervention va durer 7 à 8 minutes. Pour lui, le projet "contient explicitement la fusion des territoires". M. Daillet fustige "la réduction forcée du périmètre en 2013" et un Etat qui fait marche arrière", ce qui constitue pour lui "une incohérence totale". Il revient alors sur la réunion publique sur l'avenir de la CCV et demande à ce que les chiffres annoncés ce soir-là soient publiés dans le journal municipal "pour que tous les Vouvrillons puissent en prendre connaissance".

Refus de Brigitte Pineau pour qui il ne s'agit que "de chiffres de travail".

Le conseiller d'opposition reprend son argumentaire, déplorant le fait qu'il n'y ait "pas eu d'étude préalable", mais surtout "que les habitants de la commune ne soient pas consultés, juste informés" et que "l'information soit indigente". "Mon sentiment , et il est un peu partagé, estime-t-il, est que pas un seul élément comparatif n'est favorable". Et M. Daillet de prendre pour exemple le poids relatif de la CCV qui sera deux fois moins par rapport à la CCET, ce qui signifie que "même unis, les élus Vouvrillon ne pourront pas prendre de décision sans l'aval de ceux de l'Est Tourangeau".

Il a aussi été question de chiffres. "Avec une dette par habitant 240 % plus élevée, les citoyens vont éponger les dettes", prévient-il. "Les 150 salariés vont aussi peser sur le budget de fonctionnement. Tout cela fait dire au conseiller d'opposition "qu'au mieux, on n'a rien à gagner, et au pire des taux d'impôts plus élevés".

Gérard Serer fait remarquer que les 7 mn sont déjà dépassées.

Sans se démonter, M.Daillet continue. Il affirme que "les voyants sont au rouge", et que la fusion est une mauvaise affaire", "surtout pour l'urbanisme". Il a "la certitude d'être rattaché à terme à Tour(s) Plus qu'il ne faut pas agiter comme un épouvantail, mais qui va se transformer en une métropole". C'est pour lui un contexte qui "va aggraver la situation par rapport au cadre de vie et le terroir viticole". Le conseiller d'opposition donne au passage un coup de griffe aux 3 communes qui ont quitté la CCV pour Tour(s) Plus et qui, prétend-il*, paient plus d'impôts.

Dominique Daillet dégaine alors une proposition choc : il propose de rejeter ensemble le projet et d'inciter le préfet à revoir sa copie. "Le tort est de ne pas unir nos forces", conclut-il.

"Quelle énergie dépensée pour si peu", commente Madame le maire. "La critique a été entendue, mais quelle est votre proposition ?", s'interroge l'adjointe Juliette Cognié.

Mario Machado pour une fois d'accord avec Dominique Daillet

A ce moment-là, de façon surprenante, Mario Machado - qui ne manque jamais une occasion d'étriller M. Daillet - va lui apporter son soutien. Il qualifie de "très intéressante" cette analyse. A travers un exemple personnel, il va ensuite révéler qu'il paie bien plus de taxes à Montlouis pour une surface bien moindre. Ensuite, il déclare que ce vote pour avis "se fait avec un couteau sous la gorge".

Ce renfort inattendu fait dire à Dominique Daillet que "face à l'application d'une loi avec un bulldozer", il faut réfléchir à "l'impact d'un vote négatif". Et il cite l'exemple de Vernou, qui a émis un vote défavorable.

En réaction, Valérie Déplobin fait remarquer que "20 personnes seulement ont assisté à la réunion publique d'information", le signe selon elle que "le Vouvrillon n'intéresse pas tant que cela". Véronique Beuzelin reprend la balle au bond et souligne que "les gens n’en ont peut être pas conscience".

"Si le préfet passe en force, vous aurez votre conscience pour vous, revient à la charge M.Daillet, qui pense qu'il est bon de se battre."Au risque d’être rejeté ? interroge Juliette Cognié, qu’est ce qui nous restera ?". "Le Vouvrillon a une image détestable", rappelle Alexandre Delalandes. Michel Boireau est encore plus cash : "vous avez foutu les jetons à tout le monde".

La réplique la plus hallucinante

A un moment, Dominique Daillet a dit à Brigitte Pineau que, si elle avait été élue à l'époque de la précédente réforme de l'intercommunalité, elle devrait s'opposer et rejeter le projet. "En 2013, on n’était pas élu, répond avec surprise Madame le maire". "Dommage", commente de façon surprenante M. Daillet. "je suis d’accord avec vous", enchaîne Gérard Serer. Lequel enfonce le clou : "On serait déjà à Tour(s) plus".

Un vote rapide et sans appel

Lassée par des débats qui traînent en longueur, à 21h31, Brigitte Pineau demande à ce que le conseil se prononce sur l’avis. Dominique Daillet demande si on peut voter à bulletins secrets. Madame le maire répond non. "Il faut avoir le courage de ses opinions", lance Valérie Déplobin. Mario Machado demande pour sa part si on peut repousser le vote. "Le sujet est important, et avec l'actualité, les Vouvrillons avaient d'autres préoccupations", dit-il. Et soudain, le gérant du Simply se lance dans une tirade, en fustigeant "les incapables qui nous gouvernent, ces pros de la politique". "On a le droit de ne pas être constamment d’accord et à titre perso je ne suis pas favorable au projet", conclut-il.

Le mot de la fin revient à Brigitte Pineau qui révèle déjà travailler avec la CCET. Le conseil passe ensuite au vote avec le résultat qu'on connaît.


*M. Daillet tient à me corriger sur ce point. D'après lui, le taux est de 8,91% à Parçay, Rochecorbon et Chanceaux, contre 8,81% à la CCV "alors que le principe de la stabilisation avait été maintes et maintes fois promis".

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